WHO I AM, WHAT I DO
Patrick Santoni vit et travaille en région angevine. Son inspiration lui vient de ce qu’il perçoit comme étant l’incohérence du monde dans lequel il vit.
Issu des Beaux-Arts, section architecture, il entame un travail artistique au début des années 80. Influencé par la liberté thématique et graphique du Street Art, de La Figuration Libre, de la Figuration narrative, il revendique néanmoins une approche technique classique (glacis, sfumato, clair-obscur), cette dernière lui permettant de mettre à distance sa subjectivité et au-delà toute possibilité d’affect. Ce maniement figuratif et technique vise à extraire une inquiétante étrangeté à partir du point de retournement de la réalité et à susciter une mise en question de la part du spectateur.
Au début des années 2000 sa série « Oiseaux bagués » inaugure une forme picturale inspirée du Pop Art. Il capture le formalisme des étiquette et affiches et conçoit alors des toiles qu’il organise comme des affiches aux slogans provocateurs. En 2010, il revient à ses fondamentaux : paysages et architecture, constituent les éléments nodaux par lesquels il interrogera désormais l’existence. Les œuvres des séries « Horizons », « Piscines » et « Réparations » se succèdent depuis lors au rythme de l’écriture du monde et de l’histoire, déclinant chacune une variation esthétique au service du propos.
De l’architecture, il puise les méthodes conceptuelles et une rigueur plastique qu’il applique à la composition de ses œuvres. Du paysage, il fait sa matière narrative. Mais, saisissant dès le début l’enjeu du multimédia, il fait feu d’images issues de tous médias, de l’imagerie télévisuelle, photographique à Google Maps, qu’il manipule numériquement avant de les retranscrire sur la toile. L’exil, le déracinement, l’abandon, les ruines, le maquis envahissant, la poussière de l’été, legs de ses origines corses, viennent ponctuer ses images.
Ses visuels la fois simples et complexes, présentent un univers dont l’illusion esthétique ne fait, au fil du regard que nous précipiter dans l’abîme océanique que notre époque écrit.
La juxtaposition des nets et des flous, la concaténation des plans, l’organisation d’éléments métonymiques brouillent la logique de perception.
La frontière entre le réel et la réalité devient littoral et fait exister un univers à la frontière de l’uchronie, où l’espoir vient percuter un monde atone, ordonné par la discipline de l’esthétique duquel le sens et la réalité s’échappent.
Ses œuvres se font le reflet – presque une anamorphose – du silence bruyant et plein d'incertitude de notre temps mais aussi du rapport particulier de l’Homme au paysage.
L’artiste souhaite questionner ses contemporains sur leurs paradoxes, leur choix pour l’avenir.
Certaines de ses œuvres font parties de nombreuses collections privées aux États-Unis et en Europe. L’une d’entre-elles, « Man behind the mask » fait partie du fonds du TAFM (Taipei Fine Arts Museum à Taïwan) depuis 2004.